Le Design-Thinking est-il le meilleur processus innovation ?
Je provoque avec une telle question et c’est bien volontaire. S’il y a une chose qui m’irrite au plus haut point après plus de 30 ans passés dans l’industrie, c’est de voir la compétition qui s’installe en permanence entre les personnes, les outils, les processus… entre tout quoi ! Et cela au sein d’une même société, d’une même équipe, alors que nous devrions tous pousser dans le même sens pour innover.
Y a-t-il une façon universelle d’innover, qui est meilleure que les autres ?
Ma réponse est catégorique : c’est non. Chaque processus a ses propres avantages, ses propres inconvénients, chacun se retrouve dans sa manière d’innover, que ce soit en faisant du Design Thinking, du Design Stratégique, du DKCP, du Lean, de l’ASIT, etc… L’important c’est de s’investir et de s’approprier une méthode qui réponde à un besoin, à une stratégie d’innovation, d’y croire et de fédérer les équipes autour de cette (ou ces) méthode(s). Il faut que ce soit un catalyseur de l’innovation, que l’ensemble du personnel y adhère et pousse dans le même sens, car quoi de plus important que de fédérer les employés d’une société autour d’un même objectif d’innovation.
Donc oui la méthode est importante, quelle qu’elle soit, mais le coach ou responsable innovation est également (très) important car c’est sur lui que repose l’aspect fédérateur autour de cette méthode. Surtout ne clamons pas que ce que l’on fait est mieux que le voisin, la progression est universelle, quel que soit le vecteur que l’on choisit.
Alors où est la force du Design Thinking et pourquoi j’utilise avant tout ces méthodes comme point de repère sur mes workshops ?
C’est principalement à cause de la démarche intellectuelle du process, son mode de pensée, l’aspect empathie utilisateur qui nous force à rechercher les bons problèmes à résoudre et donc cadrer le point de vue amenant aux réflexions sur la solution à créer. On ne part pas du concept (bien que ce soit intéressant dans certains cas), on n’imagine pas les problèmes qu’il résout, on ne cherche pas à créer de la techno pour faire de la techno. Le Design Thinking n’est certainement pas un processus de R&D, visant à développer de la technologie. Par contre il le complète, il permettra de cibler le bon problème à résoudre donc le bon concept à produire, et focaliser les investissements R&D sur les bons thèmes.
Le Design Thinking n’est pas la seule méthode à mettre en œuvre lorsqu’on coache un projet innovation : tout dépend de l’objectif à atteindre et des équipes avec lesquelles on travaille. Les techniques mises en œuvre ne sont pas les mêmes si on travaille avec une équipe d’ingénierie, des responsables de lignes de produits, des équipes stratégie et marketing, des leaders de la transformation, … car les objectifs à atteindre sont différents.
Par exemple, comment travailler sur l’aspect business de nos innovations ?
Le Design Thinking est particulièrement adapté pour trouver des idées de nouveaux produits ou services, mais il faut le coupler avec des méthodes marketing et business modeling pour étudier la viabilité produit. Même lorsqu’on adresse un aspect stratégie, marketing et business, le mode de pensée du Design Thinking peut être appliqué. Les questions que l’on pose sont souvent les mêmes : combien le client est-il prêt à payer ? pourquoi préfèrera-t-il acheter notre produit plutôt que celui du concurrent ? Quels sont nos différentiateurs ? Quels sont nos arguments pour le convaincre que notre solution est meilleure et adaptée à son besoin même si elle est plus chère ? Quel est notre argument commercial synthétique, notre pitch, notre fiche produit qui fera mouche à coup sûr ?…
Pour répondre à ces questions, on se focalise de nouveau sur notre client, on étudie sa chaine de valeur, on capte ses problématiques, ses attentes, les attentes de ses clients, ce qu’on peut lui faire gagner dans l’accomplissement de ses missions. On prend en compte ses contraintes environnementales, politiques, règlementaires, financières. L’idée générale est de rechercher SES éléments de valeur pour lui justifier notre pricing. On peut challenger notre offre auprès de lui, pour nous assurer que le prix qu’on propose est acceptable, ou que notre modèle de vente lui convient… Il faut également passer par une bonne analyse de la concurrence pour identifier les vrais différentiateurs mais aussi nos faiblesses pour préparer les contre-arguments, généralement en support avec les équipes Business Intelligence et commerciales.
Les méthodes mises en œuvre sont multiples : Value Proposition, Business Modeling, Value Based Pricing, Black Hat… Mais au final, on en revient au mode de pensée du Design Thinking : problème, solution, prototypage, challenge & validation…
ChAP
Hello,
Super post.
J’ai toujours été gêné par le terme R&D. J’ai peut-être trop vécu dans des boîtes où on a le « temps » de faire de la recherche et donc ma compréhension c’est que ces deux missions (le ‘R’ et le ‘D) mettent en jeu des moyens et des échelles de temps différentes. Et peut-être que le dT peut apporter au R mais c’est certainement avec lui qu’il faut débuter le ‘D’ (que l’on souhaite faire usage de ce qui sort de ‘R’ ou pas)